Concert de Max dimanche. Mon écoute presque inconsciente. Désormais, je ne pourrai plus m’ennuyer en écoutant de la musique. Ce cercle impénétrable qui, avec la musique, se forme rapidement autour de moi, je n’essaye plus de le traverser comme je le faisais naguère en vain, je me garde aussi de sauter par-dessus, ce que je serais bien capable de faire, mais je reste posément avec mes pensées, lesquelles, dans le resserrement, se développent et s’écoulent sans qu’une auto-observation gênante ne puisse intervenir dans cette lente cohue. – Le beau « cercle magique » (de Max) qui semble par endroits ouvrir la poitrine de la cantatrice. – Goethe « Consolation dans la douleur ». Les dieux infinis donnent tout à leurs favoris, toutes les joies les infinies, toutes les douleurs les infinies. – Mon incapacité par rapport à ma mère, par rapport à Mlle T. et par rapport à tous ensuite au Kontinental et plus tard dans la rue.
Le 17 mars, Max Brod donna un concert aux côtés de la cantatrice Valesca Nigrini et du violoniste Erwin Stein au « Club des artistes allemandes » dans la Postgasse de Prague. Brod avait mis en musique plusieurs textes de Goethe, Shakespeare, Li Tai-peh, Hugo Salus et ses propres textes. Parmi les vers de Goethe, ceux que reprend Kafka ici : « Alles geben die Götter, die unendlichen, ihren Lieblingen ganz. Alle Freuden, die unendlichen, alle Schmerzen, die unendlichen, ganz ».
Mlle T.: Elsa Taussig, la fiancée de Max Brod.